Mercredi, tôt:
pas très bien dans mes chaussettes,
je reprends vite mes habitudes de lève-tôt
voire très tôt...
L'absence,
c'est idiot mais ces petites habitudes de voir
son chat à cet endroit ou à un autre
me manque.
Le petit câlin du matin, les petites promenades côte à côte des retours d'école,
le frottement entre mes jambes avec des ronronnements dans la cuisine.
Plus rien.
Si rapide, si brutal que je ne me remets pas.
Thémis,
mon chat d'attaque,
toujours prête à grogner et à sauter sur tout ce qui m'approchait,
est morte ce lundi à 16h00.
.
Je l'ai accompagnée chez le vétérinaire
pour ne ressortir qu'à 17h30 sans elle,
plus jamais.
Une grosseur sur la mamelle que je n'avais même pas sentie,
depuis dimanche une inquiétante perte d'appétit
et un râle de quelqu'un qui a du mal à trouver sa respiration.
En fait une tumeur, généralisée attaquant les poumons,
un chat qui depuis la veille commençait à souffrir.
Le vétérinaire l'a emportée,
l'a préparée avec son petit cathéter,
puis je suis arrivée.
J'ai pris Thémis dans mes bras,
c'est idiot mais
je lui ai parlée en lui demandant "pardon" de ne pas avoir vu.
C'est bête car ça n'aurait pas changé grand chose.
Mais Thémis,
c'était mon bébé,
mon dérivatif de la perte des enfants après mon accident.
Mon cadeau de mariage
que Jacques m'avait fait il y a dix ans;
ce petit chaton emprisonné dans une cage à la SPA pour la protéger des autres
qui la battaient car elle était toute petite, chétive
et qu'elle avait été jetée là
parce que de la portée dont elle était issue,
on ne voulait pas d'elle.
Toute petite,
toute terrorisée,
elle a passé deux jours sous le canapé.
Petit à petit, le calme de l'appartement sans enfants,
j'étais là encore chancelante de ma réadaptation à la vie.
De ma sortie du monde des finis; après 9 mois d'hospitalisation,
il y eût Thémis
un havre de paix et de douceur dans ce monde de barbares.
Thémis était là,
et nous avons construit une intimité chat-humain hors norme.
Mes déceptions avec la justice,
les vérités et les mensonges,
une Lola effrayante de négation et de rejet.
Une Thémis
toute douce, toute petite, toute calîne
qui m'a tant aidée à me résoudre à l'injustice de la justice.
"à la justice ne croit pas trop" Stephan Eicher, dernier album.
Et voilà,
elle avait tout traversé avec nous;
mes heures de désespoir, mes sentiments d'amour, ma complicité avec Jacques.
Ma grossesse couchée, à partir de 24 semaines pour garder Hélia.
Cette période où en cloque, épuisée
je n'ai pas supporté ses chaleurs et ses miaulements...
Du coup elle s'est installée sous mon lit après avoir mis bas
(avec moi à ses côtés car elle voulait mes mains sur sa tête et ma voix pour la rassurer)de deux petits
(UVA-UVB)
que nous avons gardé avec nous.
Et nous avons partagé nos gestations, nos petits.
Enfin!!! moi une seule...
mais quand Hélia pleurait,
j'avais vite intérêt à y aller
car elle me faisait la misère
si je ne répondais pas au besoin de mon petit de suite!
Trop marrant, quand j'y repense.
Voilà, un deuil c'est ça, réussir à sourire en se souvenant de bons moments.
Mais mon chat a laissé un grand vide dans la maison,
même s'il reste sa fille Uva.
ça n'est plus ça, car pour moi Thémis était mon bébé,
mon chat d'attaque toujours prête à me protéger
coeur et griffes sorties.
Le chien des voisins s'en souvient encore!
Voilà,
Thémis une belle apparition dans ma vie,
et grand désarroi face à sa disparition.
Mamève